Quelle relation entre journalistes et consultants en communication ? Interview avec Adama Wade

Quelle relation entre journalistes et consultants en communication ? Interview avec Adama Wade
Introduction
Quelle est la nature des relations entre les journalistes et les attachés de presse en Afrique ? Pour le savoir, nous avons interrogé Adama Wade, Rédacteur en chef de Financial Afrik. Fort de plus de 20 ans d’expérience dans le journalisme économique, il nous livre un éclairage franc sur les pratiques, les défis et les opportunités qui façonnent ce lien stratégique entre médias et communicants sur le continent.
Pourriez-vous nous dire quelques mots sur votre média ?
Journaliste spécialisé en économie depuis plus de 20 ans, je fais partie des fondateurs, en 2013, de Financial Afrik, un magazine panafricain mensuel et un site d’information spécialisé dans la finance.
Le magazine a été conçu au Maroc puis déployé en Mauritanie et au Sénégal. La rédaction est aujourd'hui installée à Dakar, au Sénégal. Nous avons une équipe d’une vingtaine de journalistes permanents sur le continent, aussi bien en Afrique francophone qu’anglophone.
Nos contenus s’adressent aux dirigeants et managers des secteurs bancaire et financier, mais aussi aux acteurs politiques et institutionnels intéressés par les stratégies financières et économiques.
Depuis le début de l’année, le site Financial Afrik enregistre en moyenne 100 000 visiteurs par jour, avec des pics à 600 000 lors des grandes annonces ou exclusivités.
Combien de communiqués de presse recevez-vous en moyenne par jour ?
En additionnant l’adresse générique de la rédaction et mon propre email professionnel, nous recevons environ 200 sollicitations par jour.
Environ 70 % de ces emails proviennent d’agences de communication, de relations presse ou de publicité, africaines ou européennes. Les 30 % restants viennent de correspondances particulières ou informatives.
Ces messages portent sur de l’achat d’espace publicitaire, la reprise de communiqués, l’organisation d’interviews, etc.
Quels moyens utilisez-vous pour échanger avec les attachés de presse ?
J’utilise principalement l’email pour filtrer la masse de communiqués reçus.
Pour mes “bonnes sources”, nous échangeons surtout via WhatsApp (texte ou vocal), qui est mon canal préféré. J’utilise rarement les SMS.
Quels éléments attirent votre attention et vous incitent à répondre aux attachés de presse ?
J’ai été formé à la vieille école, où le journaliste doit répondre à tout communiqué reçu, surtout lorsqu’il est ciblé sur notre média et pertinent pour nos thématiques.
Un communiqué bien écrit, bien présenté et contenant une information pertinente témoigne de l’organisation et de la qualité de l’interlocuteur, ce qui nous incite à lui accorder plus d’attention.
De façon générale, nous essayons de répondre à tout le monde.
Et plus globalement, comment jugez-vous la relation entre attachés de presse et médias ?
C’est une relation d’“associés rivaux”.
L’attaché de presse communique autour d’un secteur ou d’une entreprise, tandis que le média diffuse de l’information.
Ils ne sont pas en confrontation, mais en opposition constructive. Il faut trouver un équilibre basé sur la confiance, avec une communication juste et des informations exactes.
Quand c’est le cas, l’information et la communication coïncident.
Observez-vous une approche différente entre les attachés de presse occidentaux et africains ?
Les canaux de communication restent identiques, mais le professionnalisme varie.
La différence se joue dans la rigueur rédactionnelle, la pertinence factuelle et la capacité à jouer pleinement le rôle de facilitateur.
Malheureusement, la communication africaine est encore souvent pilotée depuis Londres, Paris ou Washington, alors que des agences locales pourraient faire le même travail avec, en plus, la connaissance socio-culturelle et la proximité avec les médias et leurs audiences.
Quelles sont selon vous les limites actuelles de cette activité en Afrique ?
Le danger vient d’Internet et de l’émergence d’acteurs se proclamant agences RP sans connaître réellement le terrain.
Ils envoient des communiqués de masse non ciblés, et certains demandent même aux médias de publier gratuitement leurs contenus “business” sans traitement journalistique.
Ces pratiques nuisent à la relation de confiance avec les médias et pénalisent les agences traditionnelles, qui connaissent bien le secteur et s’efforcent de s’adapter aux évolutions de la presse.
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