Les astuces d’Hervé Malauka, fondateur de l’agence Atalaku, agence créative congolaise spécialisée dans le digital, la production de contenu et l’évènementiel.
Pour communiquer en Afrique, il y a une première chose à savoir, et qui peut paraître évidente. L’Afrique, c’est un continent, et non un pays ! On ne communique pas de la même façon en Espagne ou en Pologne. Alors, de l’autre côté de la Méditerranée, c’est la même chose. Le Maroc n’a rien à voir avec le Sénégal, qui n’a rien à voir avec le Kenya ou l’Afrique du Sud. Pour en revenir au sujet qui nous intéresse, aujourd’hui, nous allons apprendre quelques trucs et astuces pour bien communiquer en RDC.
“La RDC est elle-même un sous-continent, et sa culture est très différente des autres pays, même de la région”, prévient d’emblée Hervé Malauka. Son agence de communication créative, Atalaku, Hervé l’a fondée en 2018, avec pour ambition de connecter les marques aux consommateurs, d’abord en local, puis de la RDC en direction du reste de l’Afrique et vers la diaspora africaine. Une façon de “naviguer entre les cultures urbaines et populaires”.
Grâce à son expérience dans le domaine, le communiquant peut dresser un portrait assez exhaustif des évolutions et de la façon de communiquer dans le pays. Alors pour vos campagnes en RDC, suivez le guide, et retenez bien ces trois points.
L’importance de comprendre la culture locale
Avant de communiquer en RDC, l’important est de bien étudier les modes de consommation au Congo. Et lorsqu’on ne connaît rien au pays, il peut s’avérer primordial de faire appel à des agences locales, qui peuvent établir une stratégie gagnante, en conformité avec les habitudes culturelles du pays. Pour promouvoir les marques désireuses de s’installer en RDC, Hervé mise sur de nombreux outils : organisation d'événements, “brand activation”, production de contenus (photos, vidéos, capsules…) mais aussi digital marketing. “Aujourd’hui, en RDC, tout se passe sur les réseaux sociaux. Ils sont sanctifiés”, assure le communiquant.
Evaluer le marché médias pour éviter les faux pas
Le paysage médiatique en RDC est bien particulier et, contrairement à d’autres pays du continent, “il faut payer pour tout” prévient Hervé. En effet, peu importe la nouvelle ou l’information sur laquelle on souhaite communiquer, passer à la télé, à la radio ou dans n’importe quel média nécessitera de débourser un peu d’argent. “Il faut prévoir toutes ces dépenses dans la stratégie de communication”, rappelle l’expert, qui insiste : “que ce soit les chaînes privées ou publiques, en RDC, chaque publication se paye. Et même si je veux que mon contenu soit partagé, je dois le payer”.
Connaître le marché de la presse, c’est aussi se rendre compte que le paysage évolue vite. Ainsi, “plus personne ne lit les journaux papiers en RDC. Communiquer via ce biais, c’est perdre de l’argent”, explique Hervé.
Gérer le déficit de formation des communiquants
“Depuis deux, trois ans, les gens se sont rendus compte que la com était un métier”, assure le patron de l’agence Atalaku. Une prise de conscience récente qui, pour le moment, n’a pas suffit à combler le retard en termes de formation dans la communication. “Il y a toujours un travail à faire pour atteindre un certain niveau d’exigence. Dans le pays, il n’y a pas d’école dédiée. Il y a bien une filière communication à l’université à Kinshasa, mais ce qu’on y apprend est totalement dépassé”.
Résultat : le pays regorge de “talents bruts à polir”, d'autodidactes ou de jeunes à former. Mais Hervé prévient : “ne vous attendez pas à travailler avec des communiquants qui ont le même degré d’exigence que dans d’autres pays. Les professionnels de qualité restent pour l’instant rares en RDC”.
Le professionnel reste optimiste sur l’avenir de la communication dans le pays. Il mise tout sur la jeune génération “plus ouverte sur l'extérieur". “La RDC, c’est 60 millions de jeunes, ils ont faim du digital, des réseaux sociaux”, conclut Hervé, qui observe un véritable changement de paradigme. En effet, depuis peu, la nouvelle génération d’entrepreneurs et de managers comprend l’importance de communiquer, de créer des partenariats, notamment avec le reste du continent où avec la diaspora. Et les premiers effets se font sentir, dans le marché interne de la communication en RDC, mais aussi dans l’image que dégage le pays à l’international. En communiquant plus et mieux, les entreprises permettent petit à petit au pays de sortir des clichés dans lesquels il était enfermé. Longtemps assimilé à la guerre dans un sens, à la musique de l’autre, le Congo Kinshasa montre aujourd’hui un autre visage. Celui d’un pays où la jeunesse est connectée, innovante et pleine de multiples projets.
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